La scop est morte, vive le libéralisme !
L'Histoire avec un grand H retiendra qu'un Collet est entré les armes à la main en 1944 dans les locaux du journal pour lancer cette coopérative, et qu'un autre Collet, avec un petit h, mais surtout une grosse hache, l'a détruite en moins de 8 ans pour l'offrir sur un plateau à la VdN.
L'AG du 6 novembre fut d'ailleurs pitoyable avec un président incapable de présenter un dernier bilan sans se mélanger dans ses chiffres et ses feuilles. Ce n'était malheureusement pas l'émotion qui l'étreignait mais le manque de préparation. Il avait tellement hâte d'en finir !
Dans un courrier daté du 28 octobre 2009, le conseil supérieur de la coopération a donné un avis favorable pour liquider la scop, sous réserve d'approbation par l'AG du 6 novembre. La majorité des sociétaires ayant donné son feu vert, reste maintenant à attendre l'arrêté ministériel qui autorisera la dissolution. L'Etat a un mois pour se prononcer.
La VdN pourra alors sortir son carnet de chèques. Un petit carnet puisque, selon les estimations de la CFDT, elle ne paiera le journal qu'au sixième de sa valeur.
Par contre, c'est l'entreprise qui remboursera les parts sociales acquises par les sociétaires entre le 1er janvier et le 31 décembre 2009. L'engagement n'est que verbal. On espère qu'un écrit le confirmera.
Un qui n'a pas eu besoin d'écrit, c'est le précédent directeur général. Le président lui a accordé un superbe parachute doré pour s'en débarrasser. De combien ? Cela ne regarde pas le cochon de sociétaire. "J'ai signé un acte de confidentialité qui m'interdit de le révéler", se justifie "ericbesson" conforté dans la démarche par l'avocat de la VdN, présent à l'AG on ne sait à quel titre mais précieux et arrogant renfort de la direction. La CFDT estime ce parachute doré à au moins 200 000 euros. On attend le démenti.
Ceux qui espéraient une déclaration présidentielle sur la fin de la scop en ont été pour leurs frais. Un confrère s'en est offusqué. La réponse est venue (un comble) du prédateur. Son représentant nous a remerciés, plus exactement a remercié "l'immense majorité" (faut pas exagérer) des sociétaires A qui ont répondu à l'offre de la VdN.
"La société est dans un état très préoccupant" a-t-il dramatisé ajoutant : "Nous ne sommes pas totalement certains de réussir son redressement." Sortez les mouchoirs ! Il y a cinq moins le discours était tout autre.
Aujourd'hui, il faut bien nous préparer aux temps difficiles qu'il nous réserve avec trois projets (il n'y a pas qu'à l'ENA que les plans sont développés en trois points, sans jeu de mots) :
1 - le nouveau projet éditorial "pour remobiliser l'entreprise". Avec 12 journalistes en mois. Il a oublié de le préciser.
2 - le "lourd projet du plan social de restructuration industrielle". En clair, la fermeture de l'imprimerie et une trentaine de licenciements.
3 - "le projet de refondation sociale" car "nous ne pouvons pas fonctionner de la même manière". Tous les accords d'entreprise seront dénoncés, les 35 heures remis en cause ainsi que les congés.
Pour appliquer tout ça, que nous demande-t-on ? "Il nous faudra de l'adhésion et du respect mutuel." Traduction : pas de vagues.
Comme la démagogie ne coûte rien, ce beau parleur a conclu sur cette phase belle comme de l'antique : "On a besoin de l'énergie et du talent de tous pour avancer".
Il voulait certainement parler du talent et de l'énergie de la quarantaine de salariés qui iront pointer à Pôle Emploi.