mardi 8 mars 2011

Retour à la case départ

Deux sections syndicales de journalistes du CP, la CGT et le SNJ, viennent de dénoncer l'accord sur la durée du travail, signé le 3 février 2011 par la CFDT. Ils l'ont fait dans un courrier non daté, expédié par lettre recommandée avec accusé de réception du 4 mars 2011 à la direction et à notre délégué syndical.
Dont acte ! La CFDT ne polémiquera pas sur le sujet. Nous avons pris nos responsabilités en signant cet accord. Une signature défensive, comme nous l'avons expliqué en son temps (lire "La CFDT signe l'accord sur le temps de travail", le 4 février 2011), loin de nous satisfaire mais malheureusement conforme aux engagements de la VdN en la matière.
Rappelons que les 200 jours travaillés par an sans compensation faisaient partie du plan de reprise du journal présenté en 2009 par les "gentils ch'tis" et approuvé par l'ensemble des élus CGT du Comitié d'entreprise, son secrétaire en tête. Une seule voix s'y était opposée : celle de l'élu journaliste CFDT.
Demain, nous aurons à négocier un nouveau texte. La CFDT entend prendre toute sa part à son élaboration et à son amélioration. Tant mieux si la dénonciation du précédent par le SNJ et la CGT permettent d'aller plus loin.
Car depuis la reprise du journal, nous assistons effectivement à "un recul sans précédent en matière d'acquis sociaux" qui s'est matérialisé dès juillet 2010 par la signature d'un accord salarial où les jeunes journalistes ont perdu plusieurs centaines d'euros. Et celui-là, la CFDT ne l'a pas signé.
Les bons comptes...
Autre retour à la case départ : celui du responsable financier. Après six mois passés à Lille, il revient au bercail, "suite aux difficultés rencontrées pour pourvoir à son remplacement" à Amiens, comme le stipulent joliment les "gentils ch'tis".
La chef de service recrutée via un cabinet spécialisé n'a visiblement pas donné satisfaction et la direction l'a aimablement invitée à quitter l'entreprise le 20 mars prochain.
Le mois dernier, la direction n'avait pas été en mesure de présenter les comptes de résultats au Comité d'entreprise. Elle avait mis ce retard sur des problèmes informatiques. Le problème était visiblement ailleurs.
Concurrence
"20 minutes", le quotidien gratuit actuellement diffusé dans 14 villes de France, sera présent à Amiens dès le mercredi 16 mars 2011. Le journal l'annonce sur son site. La capitale picarde figure en tête de liste (alphabétique) des vingt nouvelles agglomérations qu'il entend desservir.
Cette arrivée ne semble pas inquiéter notre rédaction en chef, particulièrement discrète sur le sujet, et toute auréolée d'un frémissement des ventes depuis le lancement de la nouvelle formule. Pourvu que "20 minutes" ne gâche pas cette euphorie.

mardi 1 mars 2011

Paroles, paroles

Quatorze mois après la reprise du CP par les "gentils ch'tis" qu'en est-il des promesses et des déclarations faites aux salariés ? La CFDT a voulu faire le point. Pour cela, elle s'est replongée dans le compte-rendu du comité d'entreprise du 24 juin 2009 et dans l'offre du repreneur en date du 4 juin 2009.
En voici en vrac, quelques extraits.

"Le CP doit poursuivre sa mission dans le respect des valeurs de la profession et de celles affichées par le titre depuis sa création."
Le respect des valeurs de la profession ne sont que sur le papier et dans les belles déclarations d'"albertlondres" qui ne supporte pas une rédaction indépendante. Il en a encore fait la démonstration ce lundi 28 février 2011. Au cours d'une réunion avec les journalistes de la locale d'Amiens, il a déploré qu'il existe encore quelques fortes têtes. Il n'a pas dit qu'il allait les mâter mais ses sous-entendus en disaient long sur le mépris et la haine qu'il leur porte.

"Toutes les pages d'information du journal continueront d'être entièrement réalisées à Amiens par la rédaction du CP et des différents bureaux."
Sauf qu'en début d'année un supplément VdN sur la TNT nous a été imposé en cahier central avec, il est vrai, une seule petite page alibi consacrée à la Picardie et rédigée par un membre de la rédaction du CP.

"Le projet éditorial sera conduit par la direction du CP avec la rédaction en chef et des groupes de travail formés des journalistes qui souhaitent y participer. Les organisations syndicales y seront associées."
La première partie de l'engagement a été scrupuleusement respectée même si les journalistes un peu trop turbulents des groupes de travail ont vite été écartés. Quant aux organisations syndicales, elles attendent encore d'être "associées".

"L'ensemble des mesures préconisées par la VdN vise seulement à faire revenir le CP dans le droit commun de la PQR qui n'est en rien "moins disant social".
Ces gens là ont une vision bien à eux du plus disant social. Leur nouvelle grille de salaires est si bien revalorisée qu'un CDD version scop a pu perdre 500 euros par mois quand nos nouveaux maîtres lui ont proposé un contrat en CDI. Ajoutons-y des RTT réduites de 6 jours par an sans aucune compensation.

"L'obsolescence de la rotative à Amiens fait peser un risque sur la sortie régulière du journal."
Un joli prétexte pour fermer l'imprimerie et le service informatique amiénois et rentabiliser la roto lilloise. Moins d'un mois après le départ du dernier informaticien, nous enregistrions une non parution. En cause : une panne informatique. Des signes avant coureurs avaient été détectés quelques jours plus tôt mais comme il n'y a plus personne pour s'en inquiéter, on est allé tout droit dans le mur. Au final, plusieurs dizaines de milliers d'euros perdus. Mais c'est encore moins cher que 25 ouvriers du Livre et six informaticiens.

"Le groupe pratique avec ses partenaires sociaux un dialogue social de qualité."
Le groupe convoque les partenaires sociaux à des réunions de négociation. Mais le groupe n'a à leur proposer que du moins disant social et ne tient jamais compte de leurs propositions. Le groupe entretient la précarité à la rédaction avec à ce jour 14 CDD sur des postes de CDI. Le groupe n'aime pas les rédactions indépendantes et fait semblant de leur donner la parole en créant un conseil de rédaction où les journalistes n'auront aucun contre pouvoir.

"Dans le futur nous n'envisageons pas une structure bicéphale président-directeur général. Il n'y aura qu'un seul PDG pour la société."
Celle-là, on se la gardait pour la fin. Elle émane de notre "vertueux pluraliste". Elle figure en bonne place dans le compte-rendu du CE du 24 juin 2009 et résume la valeur des propos de ceux qui prennent parfois des engagements "irrévocables".
En novembre 2010, "laVoixdesonmaître", PDG depuis un an, annonçait officiellement son départ. Dans la foulée, notre "vertueux pluraliste" déclarait qu'il serait remplacé par un président et un directeur général. Comme le délégué CFDT lui demandait pourquoi ce dédoublement du poste, il répondait avec son aplomb habituel que c'était dans la tradition du groupe. Tout comme le non respect des engagements !