mardi 15 avril 2014

Des accords méprisants



 Une seule organisation syndicale de journalistes (la CGT) a signé les accords sur les classifications et les droits d'auteur présentés par la direction.  CFDT, FO et SNJ ont rejeté ces textes qui ne prennent en compte aucune de leurs propositions et se soldent par des pertes de salaire pour un certain nombre de confrères.
Dès le 14 avril, la direction s'est empressée de soumettre à chacun une convention d'adhésion individuelle afin que l'accord droits d'auteur soit applicable. La CFDT rappelle qu'on ne peut pas obliger un journaliste à la signer. Les réfractaires doivent cependant s'attendre à subir de fortes pressions et rencontrer nombre de chausse-trapes. 
Il appartient désormais à la rédaction de manifester individuellement sa réprobation en laissant de côté la dite convention. 

Le communiqué intersyndical

Les organisations syndicales de la rédaction avaient jusqu’au 9 avril 2014 pour signer les accords de la grille de classifications des journalistes (fonctions et indices) et de droits d’auteur. La CFDT, FO et le SNJ ne les ont pas signés, après de nombreuses propositions rejetées par la direction. Pourquoi ?

1.    En préambule de l’accord de classifications, il est précisé que la rédaction est « composée de 87 CDI à la date de signature de cet accord ». FAUX. Le nombre de CDI est de 81. Malgré nos demandes, la direction refuse de titulariser les six postes restants, pourvus par des CDD depuis la clause de cession en 2010. A chaque négociation, elle précise d’ailleurs que la rédaction devrait être ramenée à 80 CDI.
2.    La prime droits d’auteur de 500 € ne répond pas à nos attentes puisque nous demandions qu’elle soit fixée à 600 €. Pour rappel, la Commission des droits d’auteur des journalistes (CDAJ) a été saisie en novembre 2013 par la CFDT, FO et le SNJ suite au refus de la direction de poursuivre les négociations. Attitude « irresponsables » selon la CGT. Pourtant, la CDAJ a obligé Gabriel d’Harcourt à appliquer la loi, soit à payer une rétroactivité des droits à compter du 15 juin 2012. Elle l’a aussi obligé à rouvrir les négociations. Ce qui fut fait. Elle a porté à 200 € le montant attribué aux journalistes pour la reprise de leurs œuvres au sein du titre de presse le Courrier picard, là où la direction accordait 100 €. Elle a considéré comme acquis les propositions de la direction sur deux autres points : 300 € pour la reprise dans les publications éditées par le groupe Voix du Nord – Rossel et 100 € pour les cessions à des revues et agences de presse. Soit un montant total de 600 €. Gabriel d’Harcourt, arc-bouté sur une indemnité globale de 500 €, a donc purement et simplement supprimé les 100 € de cession à des revues et agences de presse et les a inclus dans le montant attribué à la reprise des œuvres au sein du titre de presse le Courrier picard. Joli tour de passe-passe. A noter que la proposition de la CFDT, FO et du SNJ aboutissait à un surcoût annuel de 8 700 € pour 87 journalistes. Impossible à assumer pour l’entreprise martèle Gabriel d’Harcourt.
3.    Nous ne cautionnons pas le jeu d’écriture, validé par la direction et la CGT, de faire passer dans l’accord de droits d’auteur une prime exceptionnelle (250 €) pour la formation à CCI Newsgate. Cette prime n’a rien à voir avec les droits d’auteur. Elle devrait figurer dans l’accord de classification. Pourquoi n’y est-elle pas ? Peut-être parce que les primes droits d’auteur ne sont pas soumises aux charges sociales patronales… par contre, elles sont bien imposables pour les salariés.
4.    L’accord de classification a été rédigé en novembre 2013. Depuis, les choses ont évolué : nous travaillons sous CCI Newsgate et la rédaction en chef nous promet déjà une très prochaine réorganisation. Les fonctions des journalistes en seront-elles modifiées ? Nous l’ignorons. Ne valait-il pas mieux caler cet accord sur les besoins et ambitions d’une rédaction multimédias ? Nous en sommes persuadés. Pas la direction.
5.    L’accord de classification ne rémunère pas les fonctions nouvelles des journalistes liées à CCI Newsgate. Seuls quelques rédacteurs, qui deviendront éditeur, seront gratifiés de 5 points d’indice.
En conclusion, ces accords ne reflètent en rien la situation nouvelle imposée à la rédaction. Ils ne prennent pas en compte l’énorme défi du numérique que nous devons relever. Là où la direction devrait être le porte étendard d’un projet numérique aussi vital qu’exaltant, elle ne fait que démotiver la rédaction.

mardi 8 avril 2014

Le grand couac des municipales

Les syndicats de journalistes, CFDT en tête, avaient prévenu : il est risqué de changer de système informatique juste avant les élections municipales. Ce scrutin est un moment fort pour la presse régionale.

Bien entendu, la direction du Courrier picard n'en a pas tenu compte. Résultat : un énorme fiasco le soir du premier tour. Peu de résultats, des pages blanches (ça repose l'oeil, ont fait remarquer les persifleurs), une mise en page improvisée, des doublons, etc. En résumé, une belle pagaille qui s'est traduite le lundi matin par une colère retenue de la rédaction et un fort découragement. On avait travaillé pour rien.

A l'origine de ce couac, une panne du système informatique qui gère les résultats.
Rien à voir donc avec le nouveau système CCI.Ce que la direction s'est empressée de faire remarquer.
Sauf que personne ne maîtrise vraiment CCI, un système lourd et complexe conçu en priorité pour le net et adapté tant bien que mal au papier.
Avec Hermès (le précédent système), chacun se serait vite adapté et aurait limité la casse sans que le journal en souffre trop.
La rédaction en chef  n'a décidé d'un plan B qu'à 22h20, l'heure de bouclage étant fixée à 23h15. Ce qui laissait peu de temps pour réagir.
Le journal du lundi 24 mars 2014 restera un collector. A garder précieusement et à montrer dans toutes les écoles de journalisme comme exemple à ne pas suivre.
Il résulte de ce désastre une perte de crédibilité, une image de marque dégradée, des journalistes ridiculisés, des lecteurs mécontents avec l'impression d'avoir payé un journal ne répondant pas à leurs attentes.
Certains dépositaires (dans l'Oise notamment) ont vu leurs clients rapporter le Courrier et l'échanger contre le concurrent.

Ni responsables, ni coupables

Les responsables sont-ils prêts à rendre des comptes ? C'est peu probable.  
"Le standard n'a pas explosé", s'est presque réjoui le directeur général, en comité d'entreprise le lundi 24. Lille reste aux abonnés absents. C'est pourtant du Nord que sont venus les ordres de lancer CCI au forceps avant les municipales. On a vu le résultat.
A l'heure où des journalistes reçoivent des lettres recommandées pour de soi-disant fautes (en fait, pour les mettre au pas), la CFDT ne peut accepter que l'encadrement fuie ses responsabilités et renvoie vers d'autres ses erreurs.