mercredi 28 octobre 2009

Le plan JFM revient

Vous souvenez-vous du plan JFM ? Ce plan de réorganisation de la rédaction concocté à la fin du siècle dernier par un confrère qui se prenait pour le rédacteur en chef. Il était tellement fumeux que la direction avait vite fait marche arrière.
Eh bien, le plan JFM revient. Il a été présenté dans sa version 2009, le mardi 27 octobre, aux confrères de l'Oise par notre "albertlondres" en personne cornaqué par le directeur général, dit "laVoixdesonmaître".
Le voici dans ses grandes lignes :
1- Le service reportage est supprimé. Les deux reporters de l'Oise sont désormais SDF. Que vont-ils devenir ? Mystère ! Ils pourraient être affectés dans les locales."Ne vous inquiétez pas" les a rassurés leur cher patron qui, dans un soucis d'égalité (appréciez la pertinence de l'argument), a décidé de liquider également le reportage dans la Somme. "albertlondres" l'avoue : ce service fonctionne mal. Et pour cause, c'est lui qui l'a détruit notamment en réduisant l'effectif d'au moins 3 postes.
2- Le poste de responsable départemental va, lui aussi, être supprimé. On supprime beaucoup chez les porte-flingue de la VdN. Néanmoins, l'Oise aura deux chefs d'édition : l'un à Compiègne, l'autre à Beauvais. Il avait été pourtant dit en CPR, la semaine précédente, que la hiérarchie ne serait pas renforcée. ça commence bien !
3-Le service reportage est remplacé à Amiens par deux cellules (1).
Une cellule "fait du jour", le grand projet JFM qui demandait de doubler au moins les effectifs. Aujourd'hui, on va le mettre en oeuvre avec 12 postes en moins à la rédaction.
La deuxième cellule sera celle de la "justice-faits divers". Ces faits divers dont la rédaction en chef se repaît avec ses bons titres de caniveau en Une . Depuis 2003, l'image du journal a beaucoup gagné en ce domaine.
Troisième cellule, le Desk. On va le renforcer avec une équipe du matin et une d'après-midi. On n'en sait guère plus pour le moment sinon que le Desk fera le conducteur.
4- C'est confirmé, les secrétaires de rédaction disparaissent dans les locales. A leur place des pilotes, un terme importé directement de Lille.
La CFDT demandera que ces pilotes soient rémunérés en conséquence et touchent la même prime que leurs camarades de la VdN.
Par ailleurs, "albertlondres" a désigné son chef de projet pour la nouvelle formule. Ce sera Paulo.
De la réunion dans l'Oise, ressort aussi un autre message : la scop, c'est fini et bien fini. Il va falloir vous le mettre dans la tête.
Le DG tombe chaque jour un peu plus le masque. Docteur Jeckyll cède la place à Mister Hyde.
Il entend ainsi "remettre en selle la hiérarchie qui aura plus d'autorité". Visiblement, il n'a pas compris que si cette autorité est remise en cause, c'est que sa légitimité n'est pas reconnue.
Il le sait d'autant mieux qu'il perpétue la pratique : à la rédaction du Courrier picard, on ne devient pas cadre par sa compétence mais sur des critères plus subjectifs comme, entre autres, l'appartenance syndicale (pas à la CFDT, on vous rassure).
"On ne supportera plus les gens qui travaillent à quart ou à mi temps" a encore dit "laVoixdesonmaître". La CFDT ne peut que l'approuver. Elle va même plus loin : elle dénonce un éminent confrère qui, de mars 2003 à juin 2009, a quotidiennement refusé de rédiger l'éditorial.
Il semble que depuis, le DG l'a sanctionné en le confortant dans sa fonction et en lui confiant la réorganisation de la rédaction.
Une réorganisation "empruntée" à un autre où déjà pointent les règlements de compte.


(1) Ne riez pas, c'est le mot employé par la direction. Et ce n'est pas un lapsus.

mardi 27 octobre 2009

Ma scop m'a tuer

C'est beau une Société coopérative ouvrière de production ! Une Scop, pour les intimes.
Des salariés qui se regroupent, fondent leur entreprise, partagent le travail, cogèrent, élisent leur dirigeants, les révoquent si besoin. L'idéal dont rêve tout salarié.
Depuis 1945, le Courrier picard est une scop. Elle va le demeurer encore quelques semaines. Fin 2009, la scop aura vécu. Un an après sa soeur jumelle l'Yonne républicaine, elle va à son tour disparaître pour tomber dans l'escarcelle de la VdN et du groupe Rossel.
Quand en 2001, les sociétaires, ces salariés qui composent la scop, ont élu un nouveau président, ils ignoraient qu'ils venaient de désigner un "éricbesson" qui allait les trahir et livrer leur outil de travail à un grand groupe de presse.
Cette liquidation d'un des derniers quotidiens français encore indépendant, la CFDT l'a vue venir dès 2003 avec la vente du patrimoine immobilier, situé en plein centre-ville d'Amiens. "Quand on vend les bijoux de famille, avions-nous dit à l'époque, c'est le début de la fin." Et de prévoir alors cette fin pour 2010 !
En 2001, le nouveau président a amené dans ses bagages un directeur général recruté au Crédit agricole, actionnaire minoritaire du Courrier picard. Ce dernier ignorait tout de la presse mais était plein de certitudes. Résultat : en 8 ans, il a mené à la faillite une entreprise qui venait de se relever d'un dépôt de bilan survenu en 1985.
Il a liquidé le patrimoine et s'est lancé dans des investissements ruineux dont il n'a jamais obtenu de retour. Et pour cause, dès le départ, tout le monde savait que ses projets étaient voués à l'échec. Pour n'avoir pas été étudiés sérieusement, ils creuseraient un peu plus notre déficit.
La CFDT a été la seule à dénoncer ses agissements. Cela lui a coûté cher. Ses représentants ont subi une politique de harcèlement, multipliant avertissements et autres mises à pied sans fondements.
Pour en arriver là, le DG a bénéficié de complicités.
En premier lieu, la VdN, actionnaire minoritaire, elle aussi. Ses deux représentants au conseil d'administration ont encouragé sa politique mégalomane. Il fallait hâter la ruine du CP pour le ramasser à moindre prix. Opération réussie !
Les cadres du journal, ensuite. Ils les a tous recrutés à son image. Ceux qui n'adhéraient pas à sa démarche étaient soit remerciés (2 directeurs de la filliale publitaire sont partis en 4 ans), soit mis au placard. Des salaires hors de proportion avec les moyens du journal et des primes généreuses ont récompensé leur fidélité (800 euros par mois pour certains).
Les élus enfin, ceux du conseil d'administration qui se sont laissé confisquer leurs prérogatives, ceux du comité d'entreprise qui n'ont jamais voulu dénoncer ses agissements.

La mort du statut coopératif, c'est aussi l'échec de la Fédération nationale des Scop.
Son image en prend un sacré coup. Elle qui multiplie les opérations de pub dans la presse nationale, n'a rien fait pour sauver le CP, ni l'Yonne républicaine en 2008.
Quand ses représentants interviennent en assemblée générale des sociétaires, c'est toujours pour apporter leur soutien à une direction qui bafoue allègrement l'esprit et les règles coopératives.
La Fédération des Scop, il faut le savoir, c'est le Medef du mouvement coopératif.

vendredi 23 octobre 2009

Réorganiser la rédaction : quel chantier !

L'arrivée de la VdN au CP va se traduire par la suppression de 12 postes de journalistes. Douze emplois en moins !
Comment faire fonctionner la rédaction avec seulement 80 personnes ?
Comment articuler cet effectif avec le projet de nouvelle formule ?
Ce sont les questions que la CFDT souhaite débattre avec la direction qui, de son côté, n'est guère disposée à négocier. Elle entend nous mettre devant le fait accompli.
"L'effectif est lié à la formule et une réorganisation de la rédaction est inéluctable" a déclaré en CPR mardi 20 octobre le rédacteur en chef.
Qui va travailler à cette réorganisation ? "albertlondres" lui même (normal, c'est le chef), le directeur général et la DRH. La CPR ? "Elle sera forcément impliquée mais le contenu n'est pas forcément son affaire", estime le rédac chef.
A la CFDT, nous considérons que c'est son affaire et nous demandons que la rédaction soit totalement associée à cette réorganisation. La seule instance compétente est, encore une fois, la CPR.
"Nous travaillerons sur les principes, pas sur les noms" a encore précisé le rédac chef.
Interdit de rire ! Chacun sait que depuis son arrivée, il n'a travaillé que sur "les principes" et jamais, oh grand jamais, sur "les noms".
Parmi les premiers "principes", la simplification de l'organisation de la rédaction "y compris la hiérarchie" où, promis-juré, on n'ajoutera pas de nouvelles strates. C'est vrai qu'il y en a déjà beaucoup : il faut du monde pour faire faire son travail par les autres.
Notez qu'il n'est pas dit qu'on va en supprimer. Les 12 postes à gagner, soyons-en sûrs, ne seront pas pris là (exception faite du "doublon" actuel dans l'Oise).
Autre "principe", l'instauration du pilotage dans les locales. En clair, la suppression des secrétaires de rédaction et l'importation du modèle VdN avec un poste de "pilote" occupé à tour de rôle par les localiers. La formule pourrait s'étendre aussi au service des Sports.
Troisième "principe" : le rôle des IG qui seront plus impliqués, mieux responsabilisés dans la préparation du journal. C'est la vieille idée d'un superviseur présent dès le matin pour gérer les pages IG, Région et Dep.
Enfin, le conducteur sera fait 100% par la rédaction du CP. Une déclaration qui intervient après le déplacement de toute une délégation de la rédaction en chef à Lille sur le sujet.

La réorganisation de la rédaction devra être en place en mai.
Entre temps, il faudra gérer les départs non remplacés. C'est une autre histoire !

mercredi 21 octobre 2009

Nouvelle formule, anciennes méthodes

La Commission permanente de rédaction (CPR) s'est réunie hier matin. A l'ordre du jour : la nouvelle formule du Courrier picard.
Il va falloir s'y habituer. Après "Internet", priorité des priorités, fut-ce au détriment du journal papier, nos dirigeants vont désormais nous rebattre les oreilles avec "la nouvelle formule".
Imposée par la Voix du Nord, elle doit être terminée en juin 2010. Le petit doigt sur la couture du pantalon, la direction s'y attelle sans perdre de temps.
C'est notre "albertlondres" - le rédacteur en chef que la France entière nous envie pour avoir créé de superbes pages "bébés" et "mariages", uniques en PQR - qui va piloter l'opération. Il a déjà décidé de nommer un responsable du projet. Ce journaliste sera détaché (et remplacé à son poste) pour mener la réflexion.
Il devrait être aussi fait appel à un consultant extérieur qui réaliserait des études qualitatives. "Des études objectives" a cru bon préciser "albertlondres" en forme de demi aveu laissant sous entendre que les précédentes ne l'ont pas toujours été. Souvenons-nous des oeuvres du fils d'un directeur général. Du Jean Sarkozy avant l'heure !
Le coup d'envoi de l'opération "nouvelle formule" est prévu en novembre. Un calendrier de réunions est déjà établi. Chacun sera convié venir à écouter la bonne parole.

La CFDT accueille favorablement le projet de nouvelle formule en rappelant que chaque fois qu'elle a évoqué le sujet, la direction lui faisait comprendre que ce n'était pas à l'ordre du jour.
La CFDT demande que le choix du journaliste pilote fasse l'objet d'un appel à candidature, comme cela s'est toujours pratiqué au Courrier picard.
Refus catégorique ! "albertlondres" entend imposer un homme à lui (ne rêvez pas les filles, ce n'est pas pour vous). On espère qu'il ne sera pas à l'image de ceux dont il s'est entouré depuis son arrivée : docile avec le chef, autoritaire avec le petit peuple, sans idées et surtout n'appartenant pas à la mouvance CFDT, le crime suprême.
Pour la CFDT, les conditions dans lesquelles se met en place l'opération augurent mal de la suite surtout quand notre "albertlondres" a le culot de déclarer à la CPR qu'il entend travailler "dans une démarche assez participative". Il n'en prend pas le chemin.
La CFDT demande à la direction de rectifier le tir et de revenir sur un processus démocratique de choix du pilote, en respectant les accords d'entreprise.

vendredi 16 octobre 2009

Chronique d'une mort annoncée

Vendredi 16 octobre 2009
Après bien des tergiversations, le blog des journalistes CFDT du Courrier picard est né.
Nous avons longtemps hésité avant de nous lancer.
Les encouragements de plusieurs confrères, notamment ceux qui ont quitté le journal et n'ont plus aucune information sur son devenir, nous ont poussés à franchir le pas.
Finies les "Petites nouvelles du front" que nous diffusions auprès de quelques-uns par courriel.
Désormais, c'est presque au quotidien que nous allons pouvoir vous tenir informés de la vie de la société coopérative ouvrière de production (Scop).
Enfin, quand on dit "vie", on ne veut pas faire de l'humour noir.
Parce que, en cette fin d'année 2009, c'est plutôt de sa mort qu'il s'agit.
Les vautours de la Voix du Nord rôdent dans la maison depuis ce funeste 11 juillet 2009.
Le 11-septembre de tous ceux qui étaient attachés au statut coopératif !
Les jours d'un des derniers quotidiens régionaux encore indépendant des grands groupes sont désormais comptés. Son agonie mérite bien un blog.