jeudi 31 janvier 2013

87, pas un de moins !



 Nous publions, ci-dessous, le communiqué commun des sections CFDT, SNJ-CGT, SNJ et SGJ-FO du Courrier picard suite au refus du directeur général de maintenir 87 postes de journalistes à la rédaction.

"Comme prévu, hélas, la troisième réunion de négociations sur la mise en place de CCI Newgate a tourné court ce mardi 29 janvier. La direction ayant refusé d'assumer un engagement du rédacteur en chef sur l'effectif futur de la rédaction, les syndicats ont quitté la table.

"Il y a deux semaines, Didier Louis avait entamé la séance en rappelant que l'effectif serait de 87 journalistes au début de la négociation, et qu'il serait de 87 à la fin.
"Une semaine plus tard, lors d'un comité d'entreprise, Gabriel d'Harcourt refusait d'assumer ce chiffre et annonçait que Didier Louis, dont le départ avait été officialisé entre deux, ne serait pas remplacé numériquement.

"Les syndicats  rappellent qu'il n'est pas possible de négocier sainement si les règles ne sont pas clairement établies d'entrée de jeu.  Une règle élémentaire en matière de négociations, veut que les engagements pris soient respectés. Nous exigeons  que les négociations reprennent là où elles en étaient arrivées le 14 janvier. A savoir un effectif de départ de 87 journalistes.

"Tant que cette condition ne sera pas remplie, nous ne reviendrons pas à la table des négociations. Il appartient à la direction de créer désormais, les conditions d'une négociation sérieuse et sereine, en rétablissant l'indispensable climat de confiance."


                                                                        Amiens,
                                                                        le 29 janvier 2013

samedi 26 janvier 2013

Touche pas à mon poste

Les négociations sur le bi-média sont mal parties.
Déjà à la sortie de la première réunion le lundi 14 janvier 2013, la CFDT faisait part de son scepticisme quant à la volonté de la direction d'engager de véritables négociations (lire l'article précédent Newsgate ou les limites de la négociation).
Une semaine plus tard à l'occasion du comité d'entreprise du lundi 21 janvier 2013, nouvelle douche froide. Le directeur général qui avait annoncé le matin même par mail le départ du rédacteur en chef  et de la DRH pour L'Union (où ils retrouveront Daniel Hutier, ancien DG du Courrier), déclarait que l'effectif de la rédaction passerait ainsi de 87 à 86 journalistes.

La fonction de rédacteur en chef  n'est certes pas laissée vacante puisque le rédacteur en chef délégué, parachuté à Amiens  par la VdN en septembre 2010, devient, deux ans et demi après, le nouveau patron de la rédaction (1). Mais la direction en profite pour supprimer un poste au motif que les temps sont durs et que les économies s'imposent. Surtout que l'actionnaire (toujours lui) exige une rentabilité de 10%.
Pourtant des économies, le départ de celui qui a été recruté à grands frais en février 2003 va permettre d'en faire de substantielles. Nous estimons à la CFDT que la masse salariale sera réduite au minimum de 130 000 à 150 000 euros par an. De quoi recruter à moindre coût plusieurs jeunes confrères !

Cette décision est en complète contradiction avec les propos tenus huit jours plus tôt par le futur ex-rédacteur en chef. "Le cadre imparti pour la mise en place du bi-média est de 87 journalistes" affirmait-il en présentant aux partenaires sociaux un nouvel organigramme de la rédaction avec... 87 journalistes. Les syndicats détiennent une copie de ce document.

 Ce n'est pas la première fois que l'actionnaire principal du CP par la voix de son directeur général  se désavoue. Les 17 salariés du prépresse licenciés le 30 juin dernier en savent quelque chose : lors du rachat du journal en 2009, la VdN s'était engagée à développer leurs métiers. Trois ans après, ils émargeaient à Pôle emploi.

En 2013, l'arrivée du nouveau système bi-média CCI Newsgate exige des effectifs conséquents. A tel point qu'à Lille, la direction les a renforcés et que l'accord signé avec les partenaires sociaux étoffe ceux de la rédaction.
Au Courrier picard, l'effectif de 87 journalistes est à nos yeux très  insuffisant pour mener à bien le projet. Nous avions cependant accepté de nous en contenter, bien décidés à exiger en contrepartie un effort salarial envers une rédaction dont on va exiger de nouvelles compétences et plus de travail.
Cette revendication non seulement  la CFDT la maintient mais elle ne signera aucun accord d'entreprise tant que les engagements sur une rédaction à 87 journalistes ne seront pas respectés.   


(1). La CFDT a demandé à quel indice était rémunéré le nouveau rédacteur en chef. Réponse du directeur général : "Cela ne vous regarde pas".  On aurait pourtant aimé savoir si  les économies sur la masse salariale étaient bien appliquées à tous les échelons.


dimanche 20 janvier 2013

Newgates ou les limites de la négociation

Pendant trois mois, de janvier à mars 2013 , direction et syndicats du Courrier picard se retrouvent à raison d'une réunion tous les quinze jours pour négocier le passage du journal au bi-média.
Le système CCI Newsgate, imposé par l'actionnaire Voix du Nord, doit théoriquement entrer en fonction à l'automne 2013. Il va se traduire par d'importants changements dans les métiers, l'organisation du travail, les qualifications, les droits d'auteur. Ce sont ces différents sujets que les partenaires sociaux sont invités à discuter.
Discuter parce que jusqu'à présent le mot négocier n'apparaît nulle part (sauf pour les droits d'auteur) dans les documents de la direction qui ne parle que de réunions préparatoires. Ce que la CFDT a souligné pour le déplorer. Ces discussions ont donc été entamées le lundi 14 janvier 2013 avec une première réunion sur l'organisation de la rédaction (maintenue à 87 journalistes) telle que la conçoit la rédaction en chef.

 Deux grosses modifications émergent :

 1 - Le grand retour du secrétaire de rédaction

 Supprimé il y a deux ans, il avait été remplacé par le poste de pilote. Cette qualification qui n'existe pas dans les grilles de salaires, était importée de Lille. Chaque localier devait, à tour de rôle, faire de la mise en page pendant une semaine. Aujourd'hui, la rédaction en chef constate les limites du système, dénoncé en son temps par la CFDT qui se réjouit du retour du SR dont elle a toujours défendu le principe, gage de qualité du journal.

 2 - Les deux cellules de reportage (faits divers et actu) disparaissent

 Lors de leur mise en place, la CFDT avait milité pour une cellule unique. Demain, elles n'existeront plus. Les reporters seront dispersés dans chaque édition : un à Abbeville, un à Péronne, un à Compiègne, un à Beauvais et tous les autres à Amiens sous la responsabilité du chef d'édition.
Après avoir détruit en 2010 les pages départementales (une idée tellement géniale qu'aucun autre quotidien régional ne l'a reprise), la rédaction en chef s'en prend maintenant aux pages Région, montrant ainsi qu'elle n'est pas en mesure de faire vivre une formule qu'elle a elle même conçue.
Avec ce nouvel organigramme, elle profite de l'arrivée de CCI pour se concocter des postes bien au  chaud, loin du terrain, d'où elle distribuera bons et mauvais points, se dégageant de toute responsabilité sur le dos des chefs d'édition.

La CFDT proposera une autre organisation de la rédaction qui tiendra compte des surcharges de travail que va produire le bi-média et réintroduira une hiérarchie de l'information plus proche du lecteur.
La CFDT exigera une vraie négociation sur le sujet, ne se contentant pas de parlottes autour d'une table. L'impact sur les métiers de CCI Newsgate devra aussi faire l'objet d'un accord et d'une négociation sur la révision et la revalorisation de la grille de salaires.
Pour les droits d'auteur, la CFDT s'appuiera sur l'accord signé à la Voix du Nord qui accorde une contrepartie pécuniaire plafonnée à 700 euros (300 euros de forfait annuel individuel brut et 400 euros de forfait minimum sur la part variable).

Ces trois mois de "réunions préparatoires" se déroulent sous la houlette d'un rédacteur en chef que l'on dit sur le départ. Selon nos informations, il rejoindrait prochainement Daniel Hutier à L'Union. Dans ce contexte, comment un responsable de la rédaction peut-il mettre en place une organisation qu'il n'aura pas à gérer ? C'est une question à laquelle la direction aura à répondre le 29 janvier 2013, date du prochain rendez-vous.