mercredi 7 mars 2012

Saint-Quentin en sursis

L'édition de Saint-Quentin du CP risque de ne pas survivre à l'arrivée de CCI, ce nouveau logiciel censé révolutionner la presse quotidienne régionale dans le Nord-Pas de Calais, que la VdN entend mettre en place à Lille dès cette année et importer en Picardie en 2013.
Lancée en 2005 par un directeur général - qui avait confié à son stagiaire de fils une étude de marché si pointue qu'il avait refusé d'en divulguer le contenu aux élus du Comité d'entreprise et aux délégués syndicaux (1) -, cette version axonaise du CP ne soufflera probablement jamais sa dixième bougie.
C'est à l'occasion d'une réunion entre cadres de la rédaction que le sujet fut abordé pour le première fois, au début de cette année 2012. Le PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) du prépresse qui licencie au 30 juin prochain 17 salariés, venait tout juste d'être entériné.
Le grand groupe qui nous dirige depuis 2009 n'étant jamais en retard d'un plan social, après celui de 2010 (fermeture de l'imprimerie et de l'informatique) et celui de 2012 (liquidation du prépresse), il prépare d'ores et déjà les esprits à celui de 2013.
La question a été soulevée en comité d'entreprise du 20 février 2012. Notre "envoyé spécial" (pour reprendre l'expression de L'Express dans son numéro 3163), à savoir le directeur général, est resté très vague devant les élus du personnel.
"Au vu de ce que coûte et de ce que rapporte Saint-Quentin, je n'ai pas de solution, a-t-il dit. C'est une question à regarder sans tarder (...) CCI sera là dans un an et demi au mieux. La question de Saint-Quentin est plus urgente. Le nouveau système se fera sans augmentation d'effectif (...) Les suppressions de postes à Saint-Quentin ne font pas partie de la problématique actuelle."
Le lendemain en délégués du personnel, le SNJ et la CFDT revenaient sur le sujet. A propos d'une inquiétude du SNJ sur la titularisation des CDD, le DG précisait : "Le processus de titularisation suit son cours, il doit cependant préalablement intégrer la réflexion menée sur l’édition de Saint-Quentin dont le retour sur investissement pose problème". Selon ses chiffres, on ne vendrait que 2 700 journaux dans l'Aisne. Le seuil de rentabilité avait été fixé à 5 000 en 2005.
A la CFDT qui l'interrogeait sur ses "intentions à plus ou moins long terme sur cette agence", il répondait : "La réflexion est en cours, il est aujourd’hui trop tôt pour donner une réponse sur la situation de l’agence de Saint Quentin".
Visiblement, il faudra attendre que Lille donne son feu vert pour avoir plus d'explications officielles.
La CFDT rappelle qu'il existe un accord d'entreprise fixant à 87 l'effectif de la rédaction et elle n'imagine pas qu'un grand groupe comme le nôtre, ne respecte pas ses écrits.
La CFDT ne cache toutefois pas son inquiétude dans la mesure où le discours tenu en réunion de cadres était sans ambiguïté : Saint-Quentin fermera en 2013.
Il en va de l'avenir de 7 journalistes, trois ou quatre pigistes et une secrétaire.

(1) Le hasard fit néanmoins qu'elle tomba entre les mains de la section CFDT. En fait d'étude, il s'agissait d'une synthèse de données économiques sur l'arrondissement de Saint-Quentin que tout un chacun peut rassembler en quelques clics sur le Net.