Les "gentils Ch'tis" ont mis la main sur le CP le 14 décembre 2009. Le lendemain, mardi 15, la CDFT était victime du premier cas de censure. Les grands principes sur la Résistance, l'esprit de la Libération, proclamés haut et fort quelques heures plus tôt, ont été battus en brèche d'entrée.
Apprenant au cours du comité d'entreprise de lundi après-midi qu'une page est consacrée dans le journal du lendemain au changement d'actionnaire, les représentants de la CFDT demandent à s'y exprimer. Le PDG frais émoulu ne manifeste guère d'enthousiasme mais finit par nous proposer de rédiger un communiqué qui sera traité, "comme tous les communiqués syndicaux", par le rédacteur en chef.
Ce communiqué va connaître deux versions. Sur la première, vers 20 heures lundi soir, il n'y a rien à redire. L'information principale a bien été reprise à savoir la suppression de 50 emplois dont 12 à la rédaction. Notre communiqué fait 18 lignes. Celui de la CGT en occupe 19. FO a droit aux dix dernières.
La version de 22 heures est totalement différente. Entre temps, le SNJ s'est réveillé et il faut le caser dans le même espace. Il a alors droit à neuf lignes. Pour faire entrer dans le même carton les quatre réactions syndicales, pas question de couper dans le texte de la CGT qui garde ses 19 lignes. On change de statuts mais on ne perd pas les vieilles habitudes.
"On" s'attaque donc à celui de la CFDT : 5 lignes en moins et plus rien sur les licenciements déguisés. Mieux vaut rester en bons termes avec les nouveaux patrons.
Heureusement, il nous reste (pour le moment) cet espace de liberté pour reproduire intégralement le communiqué en question. Le voici :
"Le dernier quotidien indépendant de France est définitivement mort hier, considèrent les journalistes de la section CFDT du Courrier picard. La liberté de ton qu'autorisait le statut coopératif n'existera plus contrairement à ce qu'affirment les nouveaux dirigeants. Dès hier, ils ont bien fait comprendre qu'ils étaient désormais les maîtres.
Outre cette indépendance, la Voix du Nord arrive avec un plan social dont elle se garde bien de parler. Près de 50 emplois sur les quelque 210 actuels seront supprimés avant la fin 2010 dont 12 à la rédaction. D'un effectif de 92, les journalistes ne seront plus que 80 en septembre prochain. Parler dans ces conditions d'un journal de qualité parce qu'il sera tout en couleurs, c'est abuser nos lecteurs en leur vendant la forme au détriment du fond."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire