mardi 28 septembre 2010

Anastasie, miss Ch'ti

Le lundi 27 septembre 2010, le CP, emboîtant le pas d'un Voici au meilleur de sa forme, titrait plein pot à sa Une : "Anastasia, miss Picardie".
La veille, il aurait pu titrer :"Anastasie miss Ch'ti". Anastasie, nom donné à la censure de la presse pendant la Grande Guerre, avait en effet frappé. Normal sur les terres de la bataille de la Somme !

Un photographe ayant assisté à la dernière nuit des rotatives le dimanche 19 septembre 2010, il avait été décidé, sur l'insistance de la rédaction (la rédaction en chef n'aurait jamais pris une telle initiative), que la page "Portfolio" du dimanche suivant serait consacrée à l'événement.
Si les lecteurs ont pu apprécier les clichés de notre confrère, ils n'ont, par contre, pas eu droit au texte original qui les accompagnait. Trop subversif pour une direction qui s'emploie au quotidien à faire disparaître tout ce qui pourrait rappeler le statut coopératif.

La CFDT s'empresse de réparer cet acte manqué en publiant les deux textes, celui auquel les lecteurs ont échappé et celui auquel ils ont eu droit.
Le texte censuré était titré "L'arrêt du coeur" (on était déjà dans le persiflage). En voici l'intégralité :

"L'arrêt du coeur"
"Un confrère journaliste disait récemment que c'était "le coeur du journal qui s'arrête". Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, la rotative du Courrier picard a fonctionné une dernière fois. Notre journal est dorénavant fabriqué dans l'imprimerie de La Voix du Nord, à Marcq-en-Baroeul.
Après 20 016 numéros depuis 1944, sous l'égide, en grande partie de notre chère coopérative ouvrière, notre rotative s'est tue. Les "nuiteux", tristes mais dignes, ont fait leur travail jusqu'à la fin. En cela, ils ont perpétué les gestes et le souvenir de leurs aînés, rotativistes et ouvriers du Livre qui, à la Libération, avaient contribué à fonder la coopérative ouvrière dont est issu notre journal.

En ce moment douloureux pour l'histoire de notre titre, nous aurons une pensée pour ceux qui, au sortir de la guerre, résistants et humanistes, se sont battus pour fonder un journal éclairé et fraternel."
Le texte n'émanait pas d'un courageux anonyme puisque son auteur l'avait signé.


"Une page s'est tournée"
Celui qui l'a remplacé, titré "Une page s'est tournée" est l'oeuvre d'un collaborateur de la rédaction en chef qui a préféré ne pas compléter les lignes qui suivent de son nom.


"Une page de l'histoire du Courrier picard s'est tournée au début de la semaine. Votre journal était imprimé pour la dernière fois sur les rotatives du siège du quotidien régional, à Amiens. Depuis l'édition du mardi 21 septembre, le Courrier picard est désormais imprimé à Marcq-en-Baroeul (Nord).

Votre quotidien présente désormais l'avantage de proposer à ses lecteurs des contenus en couleurs à toutes les pages. Imprimé sur les rotatives du groupe Voix du Nord, dont il est l'un des fleurons, le Courrier picard poursuit avec le même souci de proximité sa relation particulière avec les habitants de Picardie. Nos abonnés continueront de bénéficier de notre portage à domicile et nos équipes sont déterminées à renforcer encore le lien qui les unit aux Picards depuis plus de 65 ans.

Fier de son ancrage dans les départements de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne, le Courrier picard reste plus que jamais le journal de ses lecteurs."
On ne saurait dire mieux.

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