vendredi 29 octobre 2010

L'exploitation du CDD par les "gentils ch'tis"

Trente-trois journalistes partis en clause de cession au 31 juillet 2010 et seulement une dizaine d'embauches en CDI depuis. Pour faire tourner la rédaction, "laVoixdesonmaître" a recours aux contrats à durée déterminée (CDD).
La CFDT a voulu savoir combien ils étaient et a posé la question en délégués du personnel d'octobre. La réponse fait froid dans le dos : VINGT-TROIS.

De ce chiffre, il convient toutefois d'en retirer deux : un étant sur un congé de longue maladie et un autre sur le remplacement d'un photographe en vacances.
Reste que depuis le 1er août, vingt et un jeunes confrères vivent dans la précarité.

Pourquoi ne les embauche-t-on pas ? Leurs contrats stipulent pourtant qu'ils remplacent des titulaires qui ont quitté l'entreprise et dont les postes n'ont pas été supprimés. Le code du travail est clair sur ce point : un poste de CDI ne peut pas être remplacé par un CDD. Mais les "gentils ch'tis" n'ont que faire des lois. Ils sont au-dessus. Seul, le respect de celles qui les avantagent leur importe.

Ainsi sur les éditions Haute Picardie et Saint-Quentin, 50% de l'effectif est précarisé (4 sur 8 pour l'une, 3 sur 6 pour l'autre). Ce n'est guère mieux en Picardie maritime (3 sur 8) ou au Desk (3 sur 9). Sans parler du Web (1 sur 2). En fait tout le monde est touché sauf... la hiérarchie. "albertlondres" ne peut pas se passer de ses petites mains.
En chef d'orchestre de cette précarité instaurée en mode de gestion de la rédaction, l'adjoint au rédacteur en chef, secrétaire général de la rédaction. Il fait merveille en la matière. Un vrai derviche tourneur !
Grâce à lui, nos jeunes confrères deviennent vite experts en géographie. Un mois à Abbeville, un autre à Creil, un troisième à Saint-Quentin, etc. "J'ai besoin de te tester, coco !" s'entendent-ils dire pour justifier ce turn-over démobilisateur et complètement improductif.
Improductif journalistiquement parlant parce que, en matière de management, on est dans le top du top. Que seraient ces cadres sans ces pratiques ? Rien ! Ils n'existeraient pas. Tandis que là, tous ces jeunes obligés contraints de courber l'échine pour conserver un CDD à l'indice 120 PQR quand ce n'est pas moins, c'est le pied !
Autre motif moins avouable de ces pratiques : grâce à cette précarité, finie l'indépendance de la rédaction ! Quel CDD peut contester les ordres des affidés d'"albertlondres" pour qui "déontologie" est un gros mot ?
Un qui s'y retrouve aussi c'est "laVoixdesonmaître". Loin d'aligner les rémunérations sur la sienne, il dispose là d'une masse salariale minimum qu'il se charge de maintenir au plus bas. Quand ces CDD vont acquérir un peu d'ancienneté, il les virera pour les remplacer par d'autres. L'essentiel, c'est que l'actionnaire s'y retrouve.
Et le lecteur dans tout ça ? Lui, il a déjà compris. Il fuit le journal de mois en mois. Nous voilà en-dessous des 60 000 exemplaires. Un record !
Quand on pense que la précédente direction avait recruté "le meilleur rédacteur en chef de France" pour relancer les ventes, c'est réussi !
Le Courrier de ce vendredi 29 octobre 2010 ne risque pas de booster l'OJD. Au lendemain d'une journée de grèves marquée, dans la région, par la multiplication d'opérations sporadiques, "albertlondres" et son équipe ont décidé de minimiser l'événement. Il se résume à quelques lignes en bas de page, sans photo. Par contre, ils ont encouragé les papiers en pages locales. Ce qui permet de dire : "Mais si, on en a parlé. Mais vous ne l'avez pas lu parce que vous n'aviez pas la bonne édition".
Par contre, tout le monde a eu droit à Geneviève de Fontenay et à ses candidates au titre de miss Picardie. En voilà du bon journalisme ! D'autant que lorsque toutes ces belles jeunes filles nous feront de beaux enfants, elles auront encore droit à leur photo dans le journal. "albertlondres" a créé pour elles la page "bébés". On dit merci qui ?

2 commentaires:

  1. Je m'amuserais si, dans quelques mois, la photo de mon bébé se retrouvait dans les pages prévues à cet effet.
    Ce bébé qui m'a coûté quelques mois de travail, juste pour avoir le droit de rester dans mon ventre. Mais qui me remercierait chaque jour un peu plus d'avoir fait ce "choix", s'il lisait ce blog.

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  2. Pourquoi Le Courrier picard publie-t-il des offres d'emploi sur les sites des grandes écoles de journalisme, alors que des précaires dans les rédacs du CP ne demandent qu'à être embauchés ?

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