La CFDT ne signera pas l'accord instituant un conseil de rédaction au CP qui a été présenté aux organisations syndicales ce mardi 8 février 2011. Non pas que nous soyons opposés à une telle structure, bien au contraire, mais celle qui nous est proposée sera une coquille vide, excluant tout contre pouvoir de la rédaction.
A l'heure où se pose, à l'échelon national, la question d'une plus grande démocratisation des rédactions, c'est un énorme pas en arrière qui est franchi chez nous.
Exit la Commission permanente de rédaction ! Cette CPR n'avait certes qu'un rôle consultatif mais elle donnait "obligatoirement son avis sur le déroulement des carrières des membres de la rédaction : recrutement, nominations, mutations, qualifications, promotions, sanctions".
Le Contrat de rédaction établi en juin 1978 qui présidait à sa légitimité, faisait référence aux "principes mis en avant par les fondateurs du CP, exprimés en particulier par la Charte du Conseil national de la Résistance".
Des principes inacceptables aujourd'hui par nos nouveaux maîtres.
Depuis huit ans, "albertlondres", avec la complicité des présidents et directeurs généraux successifs, faisait tout pour que la CPR ne remplisse pas son rôle. Jamais il n'a accepté, comme la CFDT a pu le demander à plusieurs reprises, des débats de fonds sur le fonctionnement de la rédaction ou la politique rédactionnelle.
La seule obligation qu'il respectait, c'était la réunion mensuelle. Avec un ordre du jour a minima et sans jamais suivre l'avis de la Commission quand il ne correspondait pas au sien. Ce qui était fréquent. Il avait même atteint le comble du mépris en faisant rédiger par l'une de ses petites mains, le compte-rendu avant que la réunion ne soit tenue. La séance à peine levée, son obligé appuyait sur un bouton et envoyait le texte à l'ensemble de la rédaction.
Grâce aux "gentils ch'tis", il en est désormais quitte de tous les tourments que la CFDT, en particulier, lui a posés.
Le Conseil de rédaction sera une superbe chambre d'enregistrement sans aucun pouvoir. Il aura "une légitimité éditoriale et professionnelle" qui l'autorisera à être uniquement "informé" des principaux projets concernant "le contenu et la forme du journal, le fonctionnement et les effectifs de la rédaction (il est notamment informé des appels à candidature et des nominations), l'organisation de la rédaction et la fabrication du journal".
Dans les faits, cela se traduira par une information des projets de la rédaction en chef qui fera passer ses pillules en s'abritant derrière son CdR. "Vous protestez ? Mais le sujet a été vu en Conseil de rédaction", s'entendra-t-on dire alors.
Vu, oui. Pas adopté. Encore moins voté car le directeur général l'a affirmé clairement : il ne veut pas que cette instance ait un droit de vote. Quand on pense que le "vertueux pluraliste" qui préside aux destinées des "gentils ch'tis" s'est réclamé, en décembre 2009, des grands principes qui ont présidé à la naissance de ce journal !
Pas de droit de vote et pas de représentation syndicale. La CFDT réclamait un Conseil de rédaction tripartite de douze membres (ils seront 9 dans le projet) : un tiers désigné par la rédaction en chef, un tiers élu par la rédaction, un tiers constitué par les délégués syndicaux.
Pourquoi des délégués syndicaux ? Tout simplement parce que les élus de la rédaction n'auront pas la parole libre dans cette instance à l'inverse des représentants syndicaux, protégés par la loi. Ou ils diront comme le chef et leur présence au CdR pourrait devenir un bel ascenseur social, ou ils remettront en cause sa politique et là, les ennuis commenceront.
D'ores et déjà, un syndicat semble prêt à signer sans remettre en cause les grands principes du projet. Au contraire, il se réjouit de la disparition des instances syndicales mais annonce qu'il soutiendra des candidats aux six postes à pourvoir.
La CFDT ne présentera pas de candidats et laissera chacun libre de son choix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire