"La générosité de la Scop va continuer d'exister même si le statut n'existe pas. " De qui cette jolie sentence ? De "laVoixdesonmaître" lui même ! Il l'a prononcée en comité d'entreprise le 21 mai 2010 (le compte-rendu officiel en fait foi).
A l'image des "gentils ch'tis" - qui le rémunèrent grassement pour cela-, il pratique la politique de façade.
Le texte de l'accord sur la grille de classifications des journalistes confirme le décalage entre le discours et les actes. Il suffit de le lire pour comprendre pourquoi la CFDT ne l'a pas signé.
Fidèle à la ligne de conduite adoptée dès les premières réunions de négociations par tous les syndicats de journalistes du journal, la CFDT exigeait d'entrée une grille de salaires identiques à celle de nos confrères lillois. Pour reprendre une expression de "laVoixdesonmaître" : ce n'était pas négociable.
La CFDT a fait la démonstration (lire "Une mesquinerie à 6 000 euros") qu'une grille qui démarrait à l'indice 140 de la PQR n'avait guère d'incidence sur la masse salariale à condition, entre autres, d'encadrer les hauts salaires. Sur cette base, la CFDT était prête à des concessions sur les autres dispositions de la grille. Encore eut-il fallu que nous en discutions. Mais visiblement la direction nous avait écarté du dialogue.
Dans le contexte économique actuel, la CFDT n'accepte pas une paupérisation de la rédaction. Si on écoute le chant des sirènes, on peut s'estimer heureux d'avoir obtenu beaucoup plus que ce qui nous était proposé au départ. C'est une vieille technique de négociation qu'affectionne "laVoixdesonmaître" : il vous fait des propositions ridiculement basses qu'il amende à chaque nouvelle rencontre. Au final, ce faux généreux reste en-dessous du minimum acceptable.
Les journalistes du CP ne travaillent pas moins que ceux de la VdN. D'ailleurs pour augmenter notre temps de travail, "laVoixdesonmaître" nous a aligné sur celui de nos confrères lillois. Cela ne lui a posé aucun problème. Nous étions même dans une logique de groupe. Une logique qui a disparu dès qu'il s'est agi de parler rémunérations.
L'accord ayant été signé par deux syndicats, il va s'appliquer à compter du 1er août 2010. La CFDT va désormais se battre pour que le travail pour le journal du 7e jour soit payé double.
Cet accord est mauvais parce qu'il ne fixe pas un effectif minimum de la rédaction. Dans le contexte Scop, nous étions 92. Combien serons-nous demain ?
Impossible de répondre. L'effectif évoluera selon le bon vouloir de la direction qui maintiendra un volant de CDD corvéables à merci. En plus de la paupérisation, l'accord introduit la précarité et la flexibilité. La promesse de 87 journalistes ne signifie en rien 87 CDI.
L'accord définit une organisation de la rédaction basée sur des intérêts particuliers et non sur une ambition collective. La CFDT a fait des propositions afin de rectifier le tir. Elles ont, bien entendu, été rejetées.
Le contenu du journal importe peu à "laVoixdesonmaître". Il constate chaque jour une érosion des ventes mais encourage le moins disant rédactionnel. Une dégradation qui va s'accentuer avec la suppression des secrétaires de rédaction. Les futurs "pilotes" (encore un truc qui nous vient des Ch'tis) n'auront pas tous l'expérience et la compétence pour accomplir les tâches de mise en page.
Les dégâts ne tarderont pas à se faire sentir.
Pour la CFDT, la relance des ventes ne passe pas uniquement par une nouvelle formule (qui entre parenthèses s'accompagnera début 2011 d'une augmentation de prix), mais par un journal plus ambitieux au plan rédactionnel. Et ce n'est pas avec des salaires au ras des pâquerettes qu'on motivera les nouveaux confrères.
Si cet accord maintient un certain nombre d'acquis pour les journalistes recrutés du temps béni de la Scop, il est par contre très inquiétant pour les 25 journalistes qui devraient renforcer une rédaction exsangue après 32 départs en clause de cession.
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