mercredi 12 mars 2014

Un mur ? Que dis-je, une muraille !

Tous les murs ne sont pas tombés. Au Courrier picard, les syndicats doivent même faire face à une muraille complètement imperméable à toute négociation.
Sur décision de la Commission des droits d'auteur des journalistes (CDAJ), la direction a été dans l'obligation de reprendre des négociations qu'elles avait closes, au terme de deux réunions bâclées, en octobre 2013.
Le lundi 10 mars 2014, nous nous sommes retrouvés pour le deuxième fois afin de tenter d'aboutir à un accord. La direction est venue avec un texte corrigé dans lequel elle s'est permis d'amender la décision de la CDAJ.
Quand celle-ci, le 29 janvier 2014, écrit  en son article 1 "Le montant minimum de la rémunération forfaitaire due aux journalistes en contrepartie de l'exploitation de leurs oeuvres au sein du titre de presse au-delà de la période prévue à l'article L-37 du code la propriété intellectuelle, est fixé à 200 euros par an versés sous forme de droits d'auteur", la direction se permet d'ajouter : "ainsi que pour la reprise en dehors du titre de presse d'origine dans le cadre des cessions à des revues de presse et autres agrégateurs".
Un tour de passe passe qui n'a leurré personne. Les 100 euros qu'elle s'engageait à verser au titre des revues de presse et autres agrégateurs dans sa première version, elle les supprime et les intègre aux 200 euros que la CDAJ l'oblige à verser pour l'exploitation des oeuvres au sein du titre. En maintenant à 300 euros la reprise dans les publication du groupe Voix-du Nord Rossel, elle conserve son total de 500 euros.
La CFDT qui, au départ demandait 700 euros, comme pour les confrères de la VdN, s'est ralliée à la décision de la CDAJ  et aux propositions défendues bec et ongles par la direction en octobre à savoir 300 euros pour les reprises dans les titres du groupe et 100 euros pour les revues de presse et agrégateurs, soit un total de 600 euros.

Rétroactivité 

La direction, elle, n'entend pas aller au-delà de 500 euros. Une position de principe qui ne tient pas compte de l'évolution de la situation et dont elle a bien du mal à se dépêtrer. Car la CDAJ ne s'est pas contentée d'un article 1, elle a aussi pondu un article 3 qui fixe une rétroactivité applicable à compter du 15 juin 2012. Soit, sur la base des 500 euros que la direction entend nous verser, un arriéré de 450 euros. On est bien loin de la prime de 250 euros qu'elle prétendait généreusement nous attribuer dans la première mouture de son projet d'accord.
Ce chiffrage a donné lieu à un amusant numéro du DG ce 10 mars. Interrogé sur le coût pour l'entreprise de la rétroactivité, il a prétendu ne pas le connaître. Mais quand un représentant du SNJ lui a fait remarquer que cela se chiffrait autour de 39 000 euros, il a répondu : "Vous n'êtes pas loin de la vérité".
Une anecdote révélatrice de l'état d'esprit de cette direction en négociation.
Sur la base de la proposition de la CDFT à 600 euros, le prix de la rétroactivité s'élèverait à 52 000 euros environ. Soit 13 000 euros de plus.
A ce stade, sortons les calculettes.
La direction qui  propose 500 euros de droits d'auteur par an, devra verser  en plus 450 euros de rétroactivité, soit 950 euros multipliés par  87 journalistes. Total : 82 650 euros.
La CFDT qui propose 600 euros de droits d'auteur par an, y ajoute 450 euros au titre de la rétroactivité soit 1 050 euros. Multipliés par 87 journalistes, on obtient un total de 91 350 euros.
Les forts en maths ont tout de suite mesuré "l'énorme différence" entre les deux propositions : + 8 700 euros.
Afin de lisser cette somme considérable, la CFDT est prête à faire un effort sur le montant de la rétroactivité afin que l'entreprise n'ait pas à débourser plus de 82 650 euros en contrepartie d'un accord pérenne à 600 euros par an.
Ce qui dans les années à venir ne représenterait que 8 700 euros brut pour l'entreprise. Un tout petit effort qui récompenserait celui fait par les salariés dans le cadre de la mutation CCI. Et qui en tout état de cause constitue une masse salariale pas plus énorme que les 250 euros accordés à deux cadres de la rédaction en septembre 2013. Leur petite augmentation se chiffre à 6 500 euros... sans les charges.
Visiblement, pour cette direction, deux augmentations individuelles pèsent moins qu'une petite prime de 100 euros accordée à 87 journalistes.



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