Ce dernier avait soumis cette parution à une validation personnelle. Il a considéré que le texte relevait "du tract au ton virulent qui aborde des sujets qui vont au-delà du sujet d'origine" et de surcroît, adressé un mois après les faits, il l'a trouvé "un peu réchauffé pour nos lecteurs qui sont certainement passés à autre chose et ont dû oublier depuis belle lurette le communiqué paru le 10 mai".
Afin de permettre à chacun de juger du bien fondé de sa réaction, voici le texte censuré :
"Dans un article titré « Fin de la grève » (lire le Courrier picard du 10 mai 2014), le directeur général du Courrier picard donnait sa version du conflit qui a secoué notre journal du lundi 5 au vendredi 9 mai à la suite du licenciement pour « faute grave » d’un journaliste, chef d’édition à Beauvais. Cette version a profondément choqué les grévistes ainsi que les élus CFDT, SNJ et FO du comité d’entreprise.
Au lendemain d’un conflit
unique dans l’histoire du quotidien, ils ont jugé ce texte provocateur,
revanchard et susceptible de remettre de l’huile sur le feu.
Trois (CFDT et SNJ) des cinq élus au comité d’entreprise ont voté, le 19 mai 2014, en réunion extraordinaire, une motion de soutien à notre confrère et ont souhaité à travers ce texte répondre à la direction.
Trois (CFDT et SNJ) des cinq élus au comité d’entreprise ont voté, le 19 mai 2014, en réunion extraordinaire, une motion de soutien à notre confrère et ont souhaité à travers ce texte répondre à la direction.
Ainsi, il est faux d’écrire
que « tout le monde a fini par
reconnaître la gravité de la faute ». Les syndicats CFDT, SNJ et FO n’ont jamais nié l’incident
mais ont toujours affirmé que la sanction était démesurée. Si cela méritait un
recadrage, la « faute grave »
ne se justifiait en aucun cas.
C’est bien une majorité du
personnel du Courrier picard qui s’est montrée solidaire du mouvement. Intégrer
parmi les non-grévistes les 25 salariés de PMP,
la filiale publicitaire, parmi
l’effectif du journal permettait de gonfler les chiffres. Par ailleurs, des
non-grévistes, y compris parmi l’encadrement, ont explicitement appelé à la
réintégration de notre collègue.
Ce qui n’était qu’un « coup de gueule » a été monté en épingle par une direction qui a saisi l’occasion pour supprimer un emploi au moment où elle préparait un plan de restructuration dans l’Oise qui va se traduire par la suppression de six postes de journalistes (sur 16).
Ce qui n’était qu’un « coup de gueule » a été monté en épingle par une direction qui a saisi l’occasion pour supprimer un emploi au moment où elle préparait un plan de restructuration dans l’Oise qui va se traduire par la suppression de six postes de journalistes (sur 16).
Si, comme l’affirme la
direction, le conflit en s’éternisant faisait peser des risques sur l’emploi et
l’avenir de l’entreprise, c’est bien parce que cette même direction est restée
sourde aux appels des élus. Dès le samedi 3 mai 2014, jour où notre confrère
recevait sa lettre recommandée, plusieurs d’entre eux attiraient son attention
sur les conséquences de la mesure.
Ce conflit a mis au jour un
malaise qui, ces dernières années, n’a fait que s’amplifier, résultat d’une
absence d’écoute. En acceptant de mettre en place, à la demande de la CFDT, du
SNJ et de FO, un groupe de travail chargé de se pencher sur ces questions de
gouvernance, la direction semble montrer qu’elle a, cette fois-ci, entendu le
message.
Joël CYPRIEN (CFDT), Gaël
RIVALLAIN (SNJ), Sylviane PRUVOST (CFDT), David VANDEVOORDE (FO), élus du
comité d’entreprise."
Devions-nous nous attendre à autre chose que ce refus de publication ? Non.
Quel qu'en fut le contenu, il aurait toujours trouvé un argument pour éviter de le publier. D'autant qu'en la circonstance, c'est par mail qu'il a annoncé sa décision sans jamais proposer de revoir la copie, d'en débattre, voire de l'amender.
Quant au texte "réchauffé", il ignore certainement qu'en matière de presse, un droit de réponse, par exemple, peut se faire dans les deux mois.
Reste le "tract au ton virulent". Nous, nous l'avons lu le 10 mai 2014. C'est pour cela que nous avons souhaité y répondre.