vendredi 4 juillet 2014

Censure

Les lecteurs du Courrier picard ne prendront jamais connaissance de la réaction des quatre élus du comité d'entreprise (2 CFDT, 1 SNJ, 1 FO) qui avaient demandé à la direction de publier leur réaction à la suite d'un papier titré "Fin de la grève", paru le 10 mai dernier sous la plume de Gabriel d'Harcourt, directeur général.

Ce dernier avait soumis cette parution à une validation personnelle. Il a considéré que le texte  relevait "du tract au ton virulent qui aborde des sujets qui vont au-delà du sujet d'origine" et de surcroît, adressé un mois après les faits, il l'a trouvé "un peu réchauffé pour nos lecteurs qui sont certainement passés à autre chose et ont dû oublier depuis belle lurette le communiqué paru le 10 mai".
Afin de permettre à chacun de juger du bien fondé de sa réaction, voici le texte censuré :

"Dans un article titré « Fin de la grève » (lire le Courrier picard du 10 mai 2014), le directeur général du Courrier picard donnait sa version du conflit qui a secoué notre journal du lundi 5 au vendredi 9 mai à la suite du licenciement pour « faute grave » d’un journaliste, chef d’édition à Beauvais. Cette version a profondément choqué les grévistes ainsi que les élus CFDT, SNJ et FO du comité d’entreprise.


Au lendemain d’un conflit unique dans l’histoire du quotidien, ils ont jugé ce texte provocateur, revanchard et susceptible de remettre de l’huile sur le feu.
Trois (CFDT et SNJ) des cinq élus au comité d’entreprise ont voté,  le 19 mai 2014, en réunion extraordinaire, une motion de soutien à notre confrère et ont souhaité à travers ce texte répondre à la direction.



Ainsi, il est faux d’écrire que « tout le monde a fini par reconnaître la gravité de la faute ». Les syndicats  CFDT, SNJ et FO n’ont jamais nié l’incident mais ont toujours affirmé que la sanction était démesurée. Si cela méritait un recadrage, la « faute grave » ne se justifiait en aucun cas.



C’est bien une majorité du personnel du Courrier picard qui s’est montrée solidaire du mouvement. Intégrer parmi les non-grévistes les 25 salariés de PMP,  la filiale publicitaire,  parmi l’effectif du journal permettait de gonfler les chiffres. Par ailleurs, des non-grévistes, y compris parmi l’encadrement, ont explicitement appelé à la réintégration de notre collègue.
Ce qui n’était qu’un « coup de gueule » a été monté en épingle par une direction qui a saisi l’occasion pour supprimer un emploi au moment où elle préparait un plan de restructuration dans l’Oise qui va se traduire par la suppression de six postes de journalistes (sur 16).



Si, comme l’affirme la direction, le conflit en s’éternisant faisait peser des risques sur l’emploi et l’avenir de l’entreprise, c’est bien parce que cette même direction est restée sourde aux appels des élus. Dès le samedi 3 mai 2014, jour où notre confrère recevait sa lettre recommandée, plusieurs d’entre eux attiraient son attention sur les conséquences de la mesure.



Ce conflit a mis au jour un malaise qui, ces dernières années, n’a fait que s’amplifier, résultat d’une absence d’écoute. En acceptant de mettre en place, à la demande de la CFDT, du SNJ et de FO, un groupe de travail chargé de se pencher sur ces questions de gouvernance, la direction semble montrer qu’elle a, cette fois-ci, entendu le message.



 Joël CYPRIEN (CFDT), Gaël RIVALLAIN (SNJ), Sylviane PRUVOST (CFDT), David VANDEVOORDE (FO), élus du comité d’entreprise."


Devions-nous nous attendre à autre chose que ce refus de publication ? Non.
Quel qu'en fut le contenu, il aurait toujours trouvé un argument pour éviter de le publier. D'autant qu'en la circonstance, c'est par mail qu'il a annoncé sa décision sans jamais proposer de revoir la copie, d'en débattre, voire de l'amender.
Quant au texte "réchauffé", il ignore certainement qu'en matière de presse, un droit de réponse, par exemple, peut se faire dans les deux mois.
Reste le "tract au ton virulent". Nous, nous l'avons lu le 10 mai 2014. C'est pour cela que nous avons souhaité y répondre.

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