lundi 21 juin 2010

Le pipi des pioupious

Les guides touristiques amiénois vont pouvoir ajouter une curiosité pour étrangers en mal de pittoresque. Une attraction qui pourrait être libellée ainsi :

"Ne ratez pas le journal régional, rue de la République, à proximité de la préfecture, réputé pour ses vespasiennes ouvertes aux forces de l'ordre."

Eh oui ! Dans la France de Sarkozy, les manifs sont légion et les préfets, retranchés dans leur palais, ont peur de ce bon peuple qui revendique pour un oui ou un non. Alors à l'annonce du moindre rassemblement, ils n'hésitent pas : la préfecture se transforme en camp retranché et la rue de la République est barrée par un cordon de CRS, voire de gendarmes mobiles.

Ces braves défenseurs de nos libertés font ainsi le pied de grue pendant des heures devant l'entrée du journal, pour bien souvent quatre pelés et deux tondus.
Pendant tout ce temps, leurs vessies travaillent mais, pour les soulager, Monsieur le Préfet ne leur ouvre pas son cabinet. Ils se replient donc au CP où la rédaction assiste, goguenarde, à un défilé de casques et de bottes vers les "lieux".

Toujours persifleurs, plusieurs journalistes ont suggéré d'aller un de ces jours faire un petit pipi au commissariat d'Amiens, histoire de voir si l'accueil est aussi chaleureux. Une démarche qui serait d'autant plus drôle que, depuis un mois, le responsable de la locale amiénoise y est interdit de séjour.
Son crime ? Avoir fait son travail et avoir relaté l'arrestation un peu musclée de jeunes qui s'amusaient avec une arme factice. Le papier n'a pas plu, mais alors pas du tout, au commissaire qui aussitôt a décrété persona non grata le confrère, parti entre temps en vacances.
Il n'apprendra sa disgrâce, par les policiers, qu'à son retour.

Quand il s'en ouvre à son rédacteur en chef, "albertlondres" feint d'ignorer la mesure. Pas de chance, le commissaire a cafté."Demandez à votre rédacteur en chef pourquoi on ne veut plus vous voir. Il est au courant, nous nous sommes rencontrés", explique-t-il en substance au confrère. "C'était une rencontre informelle qui n'avait rien à voir", balbutie alors cet ancien envoyé spécial en Irak (version première guerre, sur les lignes arrières).
Ce soldat de l'information n'a depuis pas bougé et n'a, bien entendu, pas soutenu son journaliste.
Plus courageux, les confrères de la locale d'Amiens ont décidé de ne pas remplacer leur chef et de ne plus couvrir la tournée de faits divers le temps qu'il resterait tricard au commissariat.

La CFDT - qui a fait l'école de guerre - suggère une contre-attaque à la hauteur de la sanction du chef de la police amiénoise: interdire d'urinoirs les militaires en faction devant le journal.
La témérité d'"albertlondres" ne va pas jusque là !

1 commentaire:

  1. Et voilà, dès qu'il y a un peu de critique, on coupe les robinets sous pretexte que "le papier me déplaît, circulez, y'a rien à voir"...
    Ah mais dès qu'il s'agit de s'afficher aux côtés d'un ministre ou d'un préfet, on se recoiffe et on se met bien devant...
    C'est inadmissible.
    Décidemment on doit vivre dans un monde plein de guimauve où la parole discordante n'a plus sa place chez les carrièristes !

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