mardi 21 octobre 2014

Picardie, Champagne, Ardenne : même contenu !


"Toutes les pages d'informations du journal continueront d'être entièrement réalisées à Amiens par la rédaction du Courrier picard et des différents bureaux."
De qui ces nobles propos ? Du "vertueux pluraliste" (1) grand patron de la Voix du Nord, Jacques Hardoin qui, en 2009, quand il s'agissait de faire main basse sur le journal, nous promettait une vie plus radieuse.
Aujourd'hui, le même via le groupe Rossel renie ses propos et supprime la fabrication à Amiens des pages d'informations générales. A compter du 3 novembre 2014, elles seront réalisées à Reims par les confrères de L'Union.
Terminé le pluralisme ! En Picardie, les lecteurs de la presse quotidienne régionale devront acheter Le Parisien s'ils veulent une information différente. Courrier picard, Union de Reims, Aisne nouvelle vont désormais leur offrir les mêmes contenus, exception faite des pages locales et régionales (pour le moment). Les Sports sont aussi dans le collimateur ; la mutualisation des informations sportives nationales et internationales est à l'étude.
Cette uniformisation s'inscrit dans une politique engagée depuis un bon moment. L'Union et l'Aisne nouvelle (désormais filiale du Courrier picard) ont  repris sans vergogne notre maquette. Ces deux journaux publient les mêmes pages hippiques, télévision, éphéméride que nous. L'Union va jusqu'à reprendre chaque matin le dessin d'Alex, l'humoriste "Courrier picard".
Si François Hollande n'est pas parvenu à fusionner politiquement Picardie et Champagne-Ardenne, Rossel est bien parti pour n'offrir à terme, à cette grande région, qu'un quotidien unique.

Rationaliser

Le contenu préoccupe peu ces patrons de presse. Leur seul objectif : dégager un maximum de profit. Pour cela, tous les moyens sont bons. En premier lieu rationaliser les effectifs.
Entre 2010 et 2013, le CP est passé de 189 salariés à 143. Et nous allons encore en perdre une petite dizaine en 2014. L'externalisation des pages d'informations générales permet de supprimer deux postes de journalistes. La direction s'est engagée à les redistribuer au sein de la rédaction. L'un a été affecté au web et l'autre devrait aller aux locales. Sauf que personne ne veut retourner en locale. Les IG étaient réalisées par des journalistes d'expérience dont la carrière, au fil des ans, a évolué. La consoeur pressentie subit actuellement de fortes pressions au point de se retrouver en arrêt maladie pendant quinze jours. Voilà qu'après 30 ans de métier, la rédaction en chef lui a fait comprendre  qu'elle était... nulle.
Elle paye le résultat d'une gestion du personnel qui ne l'est pas moins. Début septembre, la rédaction en chef a fait venir de Beauvais un jeune confrère, qu'elle a affecté aux Informations générales. Aujourd'hui, elle veut renvoyer à Beauvais la consoeur. Un jeu de chaises musicales incompréhensible sauf à vouloir éliminer les vieux qui, en plus, coûtent cher.
A d'autres quinquagénaires, la rédaction en chef explique, via ses adjoints, qu'ils devraient réfléchir à un départ en retraite anticipée, étudier la loi Fillon, etc. Des pressions à peine voilées pour les pousser vers la sortie.

La CFDT dénonce ces pratiques. Elles prouvent que la direction n'a tiré aucune leçon du conflit de mai. Qu'au contraire, elle est dans un esprit de revanche bien décidée à faire payer à la rédaction, par tous les moyens, sa rébellion.



(1) C'est ainsi qu'il se qualifiait dans une chronique.

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